La mémoire d’une population exploitée : le Mexique
L’auteur Felipe Gutierrez naquit en 1954, en Uruguay dans la ville de Mercedes. Après des études dans une université mexicaine.il obtint une maîtrise d’histoire et se dirigea vers un doctorat d’anthropologie qu’il obtint. Ses affiliations universitaires sont le centre national des chercheurs, puis l’Académie mexicaine des sciences. Au sein de l’UNAM, « l’université nationale d’autonomie du Mexique », les questions soulevées sont l’ethnicité, la hiérarchie, la contestation. L’ouvrage auquel il participe est également dirigé par Éric Roulet qui a enseigné à l’Urca et s’est consacré à l’Amérique coloniale.
L’article concernant « les villes et les quartiers indiens au Mexique », écrit par Felipe Castro Gutiérrez est publié dans un ouvrage dirigé par Bertrand Grunberg Villes et sociétés urbaines en Amérique coloniale, qui lève le voile sur le fonctionnement des villes et des sociétés urbaines en Amérique et la façon dont les colons ont pu exercer leur pouvoir colonial.
Le livre a été publié aux éditions l’Harmattan en 2010.
Le livre expose de façon détaillée la vie servile au Mexique de 1519, dès le début des conquêtes avec Cortès à l’Indépendance du Mexique en 1821. Les auteurs et particulièrement Felipe Gutierrez s’intéressent aux relations entre les colons, les jésuites, et autres groupes religieux envers les Indiens. On peut lire chez l’auteur la réaction des Indiens face aux colons, mettant en lumière une réalité masquée par l’historiographie occidentale depuis le XIX ème siècle.
Sur le plan de l’historiographie les progrès ont eu lieu grâce à l’ouverture et à l’accès des sciences humaines et sociales comme l’archéologie à des illustres chercheurs comme Alfonso Caso un archéologue mexicain, Leopoldo Batres, et des occidentaux comme Alfred Maudsley, à Christian Duverger, John Lloyd Stephens. Ce qui est déterré, dessiné et montré au monde dans les ouvrages à destination des futurs archéologues qui fouillèrent par la suite. Il s’agissait à l’époque de dévoiler les sites mayas olmèques du Yucatan. Le nom de Mésoamérique fut énoncé par Paul Kirchhoff en 1943.
Le progrès de ce champ d’étude est rendu possible grâce aux ouvertures des universités en Amérique centrale et latine. Les institutions politiques s’emparent du sujet pour le développement de la culture mexicaine en partie. L’article révèle la responsabilité des pouvoirs monarchiques, des colons européens et l’asservissement, l’atteinte aux indiens.
Le sujet invite à nous plonger dans l’histoire telle qu’elle fut, et non sous l’angle de vue occidentale, mais des locaux, en mémoire des indigènes. Le sujet de la nouvelle Espagne est au centre de ce propos ainsi que l’aspect historique allié à la sociologie, à l’ethnographie, et également à la géographie.
L’ouvrage reprend les thèmes de la ville coloniale, leur création et leur refondation durant cette époque. Les auteurs et les directeurs de cette recherche s’expriment sur la restructuration des villes du XVI au XVIII ème siècles. Au travers du croisement des compétences interdisciplinaires. On observe les interprétations des sources faites sur les indigènes à l’époque moderne. Durant la guerre d’Indépendance qui oppose Napoléon à l’Espagne, au Portugal et à l’Angleterre. La monarchie espagnole a fait face à la république mexicaine.
Si on lit attentivement on peut constater l’implication de la monarchie en Amérique des 1519. L’Europe positionné à plusieurs endroits du globe pour développer son économie, déjà sous Charles Quint qui a des relations avec les monarques du monde entier. En Amérique il s’agit d’établir une colonisation, une annexion des terres, un servage, une mise en esclavage. Une ségrégation. Une classification des individus, qu’ils soient mexicains, mulâtres, noirs, affranchis. Le traitement est plus lourd selon la classe la plus basse de ces hommes traités indignement.
La structure du travail de l’auteur dans cet article se divise selon les critères suivants : l’emprise coloniale du Mexique du XVI au XIX eme siècle, l’indépendance rendue possible après 11 ans de luttes entre les indiens et les colons de 1810 à 1821 . Hormis les colons, les jésuites, les missionnaires, on a la présence des nobles, bien que mexicains, ils sont des intermédiaires avec les propriétaires que sont les colons. Les nobles travaillent pour leur compte en exploitant les indigènes. L’arrivée des colons espagnols montre une baisse de la population de 25 fois sa population initiale ; il n’en reste au fur et à mesure de la conquête espagnole que 1 million d’indigènes. L’histoire de la colonisation au Mexique est marquée par les règnes allant de Charles Quint en 1517 à celui de Charles IV en 1808.
Les notions géographiques que l’on peut voir dans cet article sont la notion de centre périphérique, un rapport d’inégalité entre les personnes indigènes et les colons qui s’approprient une portion de l’espace en le développant économiquement. Les indigènes sont replacés dans des habitats précaires et de mauvaise qualité, mis dans des situations difficiles en plus du travail qu’ils sont obligés d’effectuer pour le compte des colons.
Nous voyons d’autres part l’acculturation des indigènes évangélisés par les jésuites pour le compte de la Couronne espagnole et défendus par certains missionnaires car certains prêtres refusaient que les Indiens non prisonniers dans des camps à ciel ouvert mais travaillant à l’extérieur de leur lieu d’habitat, puissent partir de la ville dans lesquelles ils se trouvaient car la dîme qu’ils devaient verser était perdue après leur départ.
L’article distingue les personnes exploitées en quatre classes: les nobles, les mulâtres, les noirs et les Indiens.
On comprend le travail de Felipe Gutierrez qui œuvre avec L’UNAM, à la mise en lumière des faits survenus en Nouvelle Espagne et la volonté d’Indépendance permise en 1821. L’école scientifique historique européenne, dans sa version historiciste de la fin du XIXeme siècle et plus encore avec l’École des Annales, a été déterminante dans la formation des historiens latino‑américains au xxeme siècle. Alain Rouquier parle de l’Extrême Occident en 1987.
La méthode de l’auteur est historique et anthropologique.
L’indépendance est le résultat de longues batailles face au servage, aux profits des colons qui usent des terres et des richesses pour les envoyer en Europe ; après les tentatives de manipulations des Indiens par les religieux missionnaires qui prétendaient vouloir civiliser les indigènes, et les conduire au Salut. On observe toutefois une administration mexicaine, une juridiction qui juge en leur faveur. En effet ils reçoivent un appui de l’Audience Royale, pour lutter contre le délogement et la spoliation des potagers qui accaparent les terres.
Hormis la ruralité traitée dans cet ouvrage, l’aspect de la ville mexicaine est très divers : le Mexique comprend des villes mixtes dans lesquelles les Espagnols vivent avec les Mexicains. Jusqu’à ce que ceux-ci soient expulsés et placés en périphéries des villes. Selon l’auteur Diego Duran, ils sont placés dans quatre quartiers différents. Moctezuma tente des mesures diplomatiques pour venir en faveur de son peuple. Un autre concept utilisé en géographie pour traiter l’emprise du territoire et les torts causés par les colons est la ségrégation socio-spatiale.
C’est en 1970 que cette étude mésoaméricaine est initiée en occident. En 1980, autour du courant culturaliste, se développe les subaltern studies et cultural studies. La mexical , quant à elle renouvelle l’historiographie met en lumière les qualités du peuple mexicain , les indiens , ce concept aux discours inaudibles aux yeux des chercheurs favorables aux indigènes. A ces tendances, on a aussi l’école de Chicago ; elle relate les causes de cette colonisation pour dignement honorer leur mémoire.
En 1971 Nathan Wachtel permet d’observer dans le milieu de la recherche une prise de distance entre sources européennes et ceux qui se gargarisent des faits survenus les voyant comme une libération d’une Amérique, dont on connaît les rituels sacrificiels qui sont vrais, mais ne permettant pas les crimes et le servage envers les Indiens, les évangélisations forcées, l’utilisations des Indiens de la part des prêtres pour des raisons économiques que relate Felipe Gutierrez. La vision des Indiens est alors prise en compte. L’enquête de terrain devient primordiale, autre que celle des archéologues et des ethnologues ou anthropologues ; il croise les méthodologies : il fait une histoire par le bas, en questionnant les classes populaires, les pauvres et les dominés. Contre les positivistes au Brésil et les cientificos au Mexique et les élites qui cautionnent les colonies en ne mettant en lumière que l’aspect folklorique. La douleur est si forte que des psychiatres ont dû se pencher sur ce qui a nourri l’Europe à briser de société pour une question de race en 1930. Les études sur les racismes sont celles de Nina Rodriguez sur les Noirs au Brésil.
En ce qui concerne les limites de l’article, est son absence de sources liées au domaine de l’archéologie, essentielles au développement et à la mise en lumière, à la compréhension de la société, très ritualisée et hiérarchisée de façon internent avant l’arrivée de cortès en 1510, que proposent de voir les savants décrits dans l’articles qui ont fait avancer cette science de l’archéologie et la formalisant qu’au XXème siècle.
Cet article me permet avec les témoignages des migrants et Erasmus originaires de ces régions du monde et avec l’apprentissage de l’ethnomusicologie de voir les particularités des habitants locaux ainsi que l’influence due aux missionnaires dans la liturgie chrétienne diffusée dans ces régions du sud et du centre de l’Amérique acculturées au répertoire de la musique chrétienne occidentale. au répertoire de la musique occidentale.